Les lunettes pour dyslexique : une solution controversée
Les lunettes pour dyslexiques sont-elles vraiment efficaces ? On fait le point sur les études et les alternatives qui fonctionnent.
Le diagnostic et le suivi d’un trouble dys est déjà un parcours du combattant.
Mais que se passe-t-il lorsque les difficultés se cumulent (trouble de la lecture, trouble de l’écriture, trouble dans l’apprentissage des mathématiques…) ?
Aujourd’hui, je vous propose de découvrir ce que sont les multidys et comment y faire face efficacement.
Rédigé par
Florian Gabriele
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Être multidys signifie présenter plusieurs troubles spécifiques des apprentissages simultanément (dyslexie, dysgraphie, dyscalculie, dyspraxie, dysphasie). Ces troubles coexistent fréquemment et on parle alors de « comorbidité » des troubles dys.
Les principaux troubles dys sont : la dyslexie (lecture), la dysorthographie (orthographe), la dyscalculie (mathématiques), la dyspraxie (coordination motrice) et la dysphasie (langage oral). Chaque trouble affecte un domaine d’apprentissage spécifique mais peut s’accompagner d’autres difficultés.
Toutes les combinaisons sont possibles. Toutefois, les combinaisons multidys courantes incluent : dyslexie + dysgraphie (30-47%), dyslexie + dyscalculie (26%), dysgraphie + dyscalculie (36%).
Environ 1 enfant dyslexique sur 3 présente aussi un TDAH (Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité). Cette association est donc fréquente et complique souvent la prise en charge des difficultés d’apprentissage.
Si votre enfant cumule des difficultés dans plusieurs domaines, consultez votre médecin. Des bilans spécialisés (orthophonique, neuropsychologique, ergothérapique) permettront d’identifier précisément les troubles et d’adapter l’accompagnement.
Le terme Multidys (parfois écrit “Multi Dys”) désigne une situation dans laquelle un enfant est affecté par plusieurs troubles des apprentissages simultanément : dyslexie, dysphasie, dyspraxie, dysgraphie ou encore dyscalculie.
La dyslexie est un trouble du neurodéveloppement qui affecte la capacité d’un individu à automatiser l’apprentissage du langage écrit. En d’autres termes, la dyslexie affecte l’ensemble des mécanismes qui permettent peu à peu la maîtrise de la lecture et de l’écriture.
Trouble de l’expression écrite qui se traduit par de nombreuses fautes d’orthographe, l’absence fréquente de conjugaison des verbes et des erreurs grammaticales, rendant les phrases peu cohérentes.
Et la dysgraphie ?
La dysgraphie n’est pas reconnue comme un trouble à part entière, mais comme un symptôme pouvant accompagner d’autres troubles dys (dyspraxie, dyslexie, dysorthographie).
Il s’agit d’une difficulté spécifique de l’écriture qui affecte la qualité, la lisibilité et la fluidité du geste graphique.
Elle se manifeste par une écriture lente, peu lisible, souvent irrégulière, et s’accompagne parfois de douleurs ou de fatigue.
Troubles dans l’apprentissage des mathématiques affectant le traitement des données numériques, l’apprentissage des faits arithmétiques et la réalisation de calculs exacts et fluides.
Trouble du développement moteur qui affecte l’apprentissage des gestes et la coordination. Il se manifeste par une maladresse importante, des retards psychomoteurs et souvent une dysgraphie (difficultés liées à l’écriture).
Trouble du développement du langage oral qui touche l’expression et/ou la compréhension. Il se traduit par des difficultés à trouver ses mots, à construire des phrases cohérentes, à comprendre ce qui est dit, ou encore par des problèmes de prononciation.
Toutefois, si l’expression “multidys” semble bien décrire une situation spécifique, elle n’est pas répertoriée dans la Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). En effet, lorsque plusieurs troubles du neurodéveloppement cohabitent, on parle en réalité de “troubles associés” ou de “comorbidité”.
Pour autant, il reste essentiel de comprendre pleinement les difficultés qu’une personne dys peut rencontrer afin de lui apporter des solutions spécifiques et adaptées.
Aujourd’hui en France, les troubles dys concerneraient près de 8% des enfants d’âge scolaire.
Un trouble dys se présente rarement de manière isolée. En effet, les comorbidités sont la norme avec les troubles d’apprentissage :
Mais ce n’est pas tout !
En effet, environ 1 enfant dyslexique sur 3 présente un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Et ils ont aussi tendance à être significativement plus stressés et à avoir davantage de difficultés émotionnelles, et ce, tout au long de leurs années scolaires.
Ces difficultés cumulées peuvent dans certains cas avoir des répercussions importantes :
L’absence de diagnostic et de solutions éducatives et psychologiques adaptées augmente le risque d’échec scolaire. Combiné au mal-être émotionnel, cela peut conduire à des comportements à risque et des difficultés d’insertion sociale.
Toutefois :
Avec un accompagnement adapté et précoce, la grande majorité des enfants dyslexiques se développent et s’épanouissent de manière satisfaisante. De plus, beaucoup de personnes avec un trouble dys présentent des forces remarquables :
Si vous observez des difficultés chez votre enfant, qu’elles concernent le langage, la lecture, l’écriture, les mathématiques ou la coordination, il est naturel de se poser des questions.
Consulter un professionnel ne signifie pas que vous avez « raté » quelque chose, bien au contraire : c’est une démarche qui permet d’identifier les besoins de votre enfant et de l’accompagner au mieux.
Mais alors, par où commencer ?
Commencez par en parler à votre médecin généraliste ou pédiatre, qui pourra faire un premier point sur le développement global de votre enfant. Selon les difficultés observées, il pourra vous orienter vers différents spécialistes :
Obtenir un diagnostic précis n’est pas « coller une étiquette » à votre enfant. C’est au contraire lui donner accès à une compréhension de ses difficultés, à des aides concrètes et à des aménagements scolaires adaptés. C’est aussi permettre à l’entourage (enseignants, famille) de mieux comprendre ses besoins.
Un diagnostic de troubles multiples est particulièrement important : il évite que certaines difficultés passent au second plan.
Par exemple, chez les enfants dyspraxiques, les troubles moteurs sont souvent traités en priorité, et les difficultés de lecture sont négligées. Cela peut entraîner un retard scolaire.
Un bilan complet permet de prendre en charge toutes les difficultés de votre enfant.
Aucun médicament ni thérapie spécifique (comme les exercices visuels ou auditifs) ne permet de faire disparaître un trouble multidys.
Pour autant, cela ne signifie absolument pas que l’on ne peut rien faire. Bien au contraire !
Grâce à des interventions ciblées et régulières, on peut considérablement réduire l’impact de ces troubles sur la vie quotidienne, scolaire et professionnelle. L’objectif n’est pas de « guérir », mais d’apprendre à compenser, contourner et développer des stratégies efficaces.
Par exemple :
L’approche la plus efficace pour une personne dyslexique repose sur un accompagnement pédagogique adapté qui l’aide à améliorer sa reconnaissance des sons et des mots.
Cet accompagnement doit être multidomaine : il combine ainsi un suivi orthophonique, des aménagements scolaires, des outils compensatoires et un soutien familial. Cette approche globale et coordonnée offre les meilleurs résultats.
Et lorsque plusieurs troubles coexistent, la coordination entre les différents professionnels est essentielle pour proposer un accompagnement cohérent et éviter de surcharger l’enfant multi dys.
Avec l’avancée de l’enfant et selon ses besoins, divers outils peuvent faciliter le quotidien :
Ces aides ne sont pas des « béquilles » honteuses, mais des outils légitimes qui permettent à l’enfant multi dys d’accéder aux apprentissages malgré ses difficultés spécifiques, exactement comme des lunettes pour quelqu’un qui a des problèmes de vue.
Lorsqu’un enfant cumule plusieurs troubles des apprentissages, des dispositifs d’accompagnement spécifiques peuvent être mis en place pour faciliter sa scolarité et réduire les obstacles rencontrés au quotidien.
Le Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP) ne nécessite aucune reconnaissance du handicap et permet des aménagements concrets : emploi du temps adapté pour les rééducations, photocopies des cours, outils numériques (synthèse vocale, correcteurs), temps supplémentaire aux contrôles.
Lorsque les troubles multidys sont importants, la MDPH peut reconnaître le handicap et ouvrir des droits supplémentaires :
Votre médecin, en lien avec l’équipe éducative et les professionnels qui suivent votre enfant, pourra vous guider vers le dispositif le plus approprié. Il est toujours possible de commencer par un PAP puis d’évoluer vers un PPS si les besoins l’exigent.
Être multidys représente un défi quotidien pour l’enfant et sa famille, mais avec un diagnostic précoce, un accompagnement pluridisciplinaire coordonné et des aménagements adaptés, chaque enfant peut développer ses compétences et révéler ses talents.
La clé du succès réside dans la compréhension fine des besoins spécifiques de chacun et dans la collaboration étroite entre parents, professionnels de santé et équipe éducative.
Si vous suspectez plusieurs troubles dys chez votre enfant, consultez : plus l’intervention est précoce, plus les stratégies compensatoires seront efficaces.
Prenez en photo ses devoirs et obtenez une version adaptée, plus claire et plus agréable à lire.
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Doctorante en sciences cognitives, Université Claude Bernard Lyon 1
Camille mène des recherches sur les adaptations visuelles des textes pour faciliter la lecture des enfants. Autrice de publications scientifiques et intervenante universitaire, elle traduit les avancées de la recherche en solutions concrètes pour une lecture plus accessible et inclusive.
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